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Photo du rédacteurMarie Brazda

Pourquoi ĂȘtre un chameau ne rend pas heureux ? đŸ«

DerniĂšre mise Ă  jour : 3 avr. 2023


Vous connaissez cet animal ruminant qui porte de lourdes bosses sur son dos. DomestiquĂ©, il est capable de transporter de lourdes charges pour ses maĂźtres. C’est un bon serviteur car il accomplit son labeur sans broncher. Il parcourt de longues distances sans boire, ni manger. Plus rĂ©sistant et rĂ©silient que bien d’autres animaux, il est devenu un formidable outils pour l’Homme.


Mais l’Homme aussi arbore ces mĂȘmes qualitĂ©s. Capable de travailler de longues heures, de porter de lourdes charges physiques et psychologiques; capable de s’oublier entiĂšrement pendant des jours, voire des annĂ©es, l’Homme aussi a dĂ©veloppĂ© une force de chameau.


ConditionnĂ© par sa pensĂ©e, il s’est formatĂ©. Il est devenu docile et a appliquĂ© sagement ce que sa famille, la sociĂ©tĂ©, l’école lui a inculquĂ©. Il porte le poids de ses croyances et celui de ses pairs. Il ne se rend mĂȘme pas toujours compte qu’il est victime de ce conditionnement, ni qu’il le transmet Ă  son tour aprĂšs lui. Il ignore ou fait semblant d’ignorer les idĂ©es qui le gouvernent.


Il a acceptĂ© ce rĂŽle puisqu’il ne connaĂźt que lui. Il a mĂȘme trop peur, ou se croit trop faible, pour vivre autrement. Son conditionnement le rassure car il vaut mieux en ĂȘtre esclave que d’affronter la peur de l’inconnue. “Ce conditionnement n’est pas si terrible, il fonctionne, pourquoi en changer?!”, “Le monde est ainsi fait
 On ne se bats pas contre la nature humaine
”.



BourrĂ© de paradoxe, l’Homme-Chameau se prĂ©tend heureux car il est plus simple de se voiler la face et d’accepter cette rĂ©alitĂ© insipide comme une fatalitĂ© que d’ouvrir les yeux, de s’affranchir de ses croyances et de partir Ă  la recherche de soi-mĂȘme et de sa libertĂ©. Les bĂ©nĂ©fices qu’il tire de son emprisonnement lui suffisent. Le confort, la gloire, les plaisirs le fascinent et le maintiennent d’abord, parfois longtemps, dans un monde douillet mais sans saveur.


Oui car, il ne faut pas s’y mĂ©prendre. Peu importe Ă  quel point il est bon acteur, rĂ©signĂ©, ou arrogant, l’Homme-Chameau n’est pas heureux.


A jamais inconsolable, il court aprĂšs tout ce qu’il croit ĂȘtre le bonheur, tout ce qui saura lui redonner un sentiment de libertĂ©, d’amour, d’extase, de joie, de paix. Ne serait-ce qu’un instant! Il en a besoin et ne peut faire autrement car c’est sa seule source de satisfaction.


Une croisiĂšre sur le Nil, un mariage en robe blanche, une musique effrĂ©nĂ©e dans une voiture dĂ©capotable, du chocolat, un concert, la drogue, la musculation, un jeu vidĂ©o, un noĂ«l en famille, un travail, le shopping, le sexe, le poster de son idole, un diplĂŽme, un film, une moto, l’odeur du gĂąteau de son grand-pĂšre ou le goĂ»t du plat de sa mĂšre.


Il sait que ces moments, qu’ils soient poĂ©tiques ou dangereux, sont temporaires. Mais il continue de courir aprĂšs car ce sont des bouffĂ©es d’oxygĂšne dans son monde qui sent le renfermĂ©. Il vit comme un mort-vivant et un mendiant (de plaisir, de pouvoir, d’amour, d’argent
).


Il se protĂšge derriĂšre son masque social et son identitĂ© fabriquĂ©e de toute piĂšce et se complaĂźt dans ce systĂšme de compensation. Il se veut en contrĂŽle et maĂźtre de lui-mĂȘme, de ses choix alors qu’il est dĂ©pendant et se vit en esclave.


Il lui faudra accumuler beaucoup de lassitude, se sentir profondĂ©ment misĂ©rable, ne trouver aucune compensation ni fascination assez forte et comprendre qu’aucune expĂ©rience ni aucun plaisir ne dure, pour qu’il devienne assez fou pour avoir le courage de s’affranchir du joug du conditionnement et qu’il dĂ©cide de suivre son cƓur.


L’Homme-Chameau s’enfuira alors dans le dĂ©sert et partira Ă  l’aventure pour commencer sa vĂ©ritable transformation. La seule qui vaille vraiment la peine.


Dùs lors en exil, sait-il seulement ce qu’il cherche? Ou comment l’obtenir?


Il ne sait pas, mais il en a l’intuition. Il se sent nostalgique d’un temps qu’il reconnaĂźt mais qu’il croit ne pouvoir jamais revivre. Il commence Ă  se rappeler, qu’autrefois il Ă©tait heureux. Il se sentait joyeux, lĂ©ger, serein. Il est aujourd’hui chameau mais il ressent l’appel de la libertĂ©, la vraie libertĂ© et non plus l'illusion de celle-ci. Enfin, il aura une chance d'ĂȘtre vraiment heureux.


Combien d'Homme-Chameaux iront au bout de leur libération?





















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